En 1925, les trois principales entreprises de la chimie allemande – BASF, Bayer et Hoechst – se sont regroupées avec quelques autres de moindre importance au sein du conglomérat IG Farbenindustrie AG. Plus que toute autre firme, cette « IG Farben » incarne aujourd'hui, dans la mémoire commune, la compromission de l'industrie allemande dans les crimes du Troisième Reich.
Ce livre est une histoire de l'usine chimique de Hoechst près de Francfort-sur-le-Main en tant que composante de l'IG Farben sous le nazisme. Sur la base de vastes recherches dans des archives internes inédites, Stephan H. Lindner interroge les relations entre la direction et son personnel avec le parti national-socialiste et ses organisations satellites. Il porte une attention particulière à la question des marges de manoeuvre face à la double tutelle du régime et de la direction centrale du groupe.
Comment les dirigeants de l'usine ont-ils réagi à la nouvelle situation politique à partir de 1933 ? La vie et le travail à Hoechst sous le nazisme étaient marqués à la fois par l'adaptation ainsi que par l'exclusion et la répression. Dans quelle mesure l'établissement, sa direction et ses salariés ont-ils été liés au nouveau régime, à ses représentants et organisations ? À quel point ont-ils été impliqués dans ses crimes, voire activement partie prenante de ceux-ci ?
Sont ainsi évoqués les plus sombres aspects de l'histoire de l'usine : le sort fait aux salariés juifs ou considérés comme tels, les conditions de travail et d'existence des « travailleurs étrangers » forcés de différentes origines ainsi que l'implication dans des expériences « médicales » sur des détenus de camps de concentration. Cet ouvrage sans complaisance apporte une avancée décisive à la connaissance d'une singularité du monde industriel du Troisième Reich.