Jeanne CRASSOUS (née COSTANTE) a effectué ses études supérieures à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon et a été reçue à l’Agrégation de Sciences Physiques, option Chimie, en 1992. Après un DEA de Chimie Organique Fine de l’Université Lyon I, elle prépare une thèse de doctorat à l’ENS de Lyon sous la direction du Professeur André Collet sur la synthèse des énantiomères du bromochlorofluorométhane (CHFClBr) et la détermination de leur configuration absolue (1996). Après une brève incursion dans le monde de l’enseignement (Classes Préparatoires BCPST, Clermont-Ferrand), elle effectue un stage post-doctoral à l’ETH Zürich (Suisse) sous la direction du Professeur François Diederich (1997) où elle s’intéresse à la chiralité dans les fullerènes. En 1998, elle est recrutée comme Chargée de Recherche CNRS au Laboratoire de Chimie de l’ENS de Lyon au sein de l’équipe de Chimie Supramoléculaire.

En 2005, elle rejoint l’Institut des Sciences Chimiques de Rennes (ISCR) au sein de l’équipe Organométalliques, Matériaux et Catalyse, pour y développer des systèmes hélicéniques hétéroatomiques et organométalliques et leurs propriétés vis-à-vis de la lumière polarisée (propriétés chiroptiques) pour des applications dans le domaine des matériaux ainsi que des recherches de chiralité fondamentale. En 2010, elle est promue Directrice de Recherche au CNRS. Elle a été nommée membre distinguée junior de la Société Chimique de France (SCF) en 2013 et a reçu le Prix de la Division de Chimie Organique (DCO) de la SCF en 2020 ; elle est membre élue de l’Académie Européenne des Sciences (EurASc, 2021-) et Chemistry Europe Fellow (Classe de 2020/2021).

Elle s’implique dans l’administration de la recherche comme membre du bureau de la section 12 du Comité National du CNRS entre 2016 et 2021, elle est membre élue de la Division de Chimie Organique de la SCF (DCO-SCF) et dirige le Groupe de Recherche (GDR) CHIRAFUN depuis 2015.  Depuis janvier 2020, elle coordonne le Projet Européen Marie Curie ITN HEL4CHIROLED (Agrément no. 859752) qui réunit 11 équipes européennes et associées. Elle est membre de l’Editorial Board du journal Chirality (Wiley) depuis 2010 et membre des comités exécutifs des « Journées André Collet de la Chiralité (JACC) » depuis 2009, ainsi que de l’« International Symposium on Chirality (ISCD) » et de l'« International  Symposium on Chiroptical Spectroscopies (CD) » depuis 2015. Elle a notamment co-organisé les sessions 2009 et 2012 des JACC (Dinard) ainsi que les congrès internationaux CD2017 (Rennes) et Chirality 2019 (Bordeaux).

Dès le début de sa carrière scientifique, elle se passionne pour les problématiques liées à la chiralité. Elle s’intéresse à des problèmes de stéréochimie fondamentale dans des structures chirales très variées, comme les simples hétérohalogénométhanes, certaines formes allotropes du carbone (fullerènes), des cages supramoléculaires (cryptophanes et hémicryptophanes), des systèmes polyaromatiques hélicoïdaux (hélicènes) ou encore des complexes organométalliques possédant un métal stéréogène. Dès son entrée au CNRS, elle s’intéresse à des phénomènes très fondamentaux comme les effets de violation de la parité (PV) dans les molécules chirales, phénomène connu pour briser la symétrie gauche-droite via la force physique nucléaire faible, générant ainsi une très faible différence d’énergie entre les deux énantiomères d’une molécule chirale. Dans ce contexte, elle s’attache à préparer des complexes organométalliques très simples et possédant un métal stéréogène et tente de mesurer des effets de PV par des techniques de spectroscopie à ultra-haute résolution, en collaboration avec des physiciens du Laboratoire de Physiques des Lasers de Villetaneuse.

Outre la synthèse de systèmes chiraux variés, elle s’intéresse à leur dédoublement et à la caractérisation de leurs énantiomères purs par des techniques spectroscopiques dites chiroptiques. Ainsi, les techniques de dichroïsme circulaire électronique et vibrationnel et plus récemment la luminescence polarisée circulairement sont étudiées expérimentalement dans son groupe et théoriquement dans le cadre de collaborations scientifiques. Depuis son arrivée à Rennes en 2005, elle s’intéresse de très près à la chimie des hélicènes, et plus particulièrement à leur combinaison avec des ions métalliques, dans l’objectif de créer une variété de structures chirales originales, de générer des propriétés novatrices qui combinent les propriétés chirotiques très intenses des hélicènes avec des propriétés apportées par le métal, comme des propriétés rédox-actives, de la luminescence, de l’organisation supramoléculaire  homochirale/hétérochirale contrôlée, etc. Ces études trouvent des intérêts applicatifs, notamment comme commutateurs chiroptiques, ou comme émetteurs chiraux pour les diodes organiques électroluminescentes. Ces derniers travaux sont menés en collaboration avec le Docteur Ludovic Favereau.

Elle est co-auteure de plus de 150 articles et chapitres de livres et d’une monographie sur la « Stéréochimie des molécules chirales » (éditions du CNRS, 2006) et a présenté ses travaux lors de près de 40 conférences invitées et 60 séminaires dans des universités nationales et internationales.